50ème anniversaire de la Main Verte

  • Les 11, 12, 13 avril 2025, Stop nucléaire 56 Trawalc’h a organisé 3 jours d’échanges et de débats sur le nucléaire à l’occasion des 50 ans de la main Verte d’Erdeven.
  • Historique
  • Retour sur les échanges de ces 3 journées

Erdeven 1974 : les habitants de la région apprennent dans la presse le projet d’une centrale nucléaire à Erdeven. Aussitôt, quelques personnes se rendent à Paris à un congrès de Nature et Environnement. En quelques jours, des dizaines de militant·es se mobilise et créent le CRIN (Comité Régional d’Informations Nucléaires) pour informer la population.

Plus de 35 réunions publiques sont tenues dans toutes les communes littorales entre Lorient et Vannes. La population, consciente des dangers du nucléaire, devenue experte de la Vie, experte scientifique et experte politique, se mobilise contre ce projet contraire à ses intérêts et à celui des générations futures.

Le 30 mars 1975, 15 000 manifestant·es marchent vers Erdeven. Le projet de l'État est finalement mis en échec, et l'environnement exceptionnel de la région est préservé.

Pour symboliser cette victoire et marquer les mémoires, une Main Verte est érigée aux abords immédiats du massif dunaire d'Erdeven. Elle signifie "Vous ne passerez pas" et "Stop nucléaire". La Main verte restera le symbole d'une lutte dont le message est : « Non au nucléaire, jamais, ni ici, ni ailleurs, Oui aux alternatives ».

Les débats :

Vendredi 11 avril 2025 : 220 personnes ont participé à un échange avec des militant·es historiques du CRIN D’Erdeven et des militant·es des sites en lutte dans le Cotentin (La Hague) et la Haute-Normandie (Penly) sur le thème « 1975-2025 : toujours en lutte. Regards de militants ». Un moment de partage rare et passionnant qui a permis de partager l’organisation et les moyens de la lutte de 1975 avec les réalités des luttes d’aujourd’hui. La démarche des « résistants » de La Hague, réunis dans le Collectif Piscine Nucléaire Stop, a permis d’établir un parallèle intéressant : en commençant par initier comme à Erdeven une information sur les conséquences de la réalisation de nouvelles piscines nucléaires devant accueillir 110 cœurs de réacteurs pendant des années, les habitant·es des communes avoisinantes, pourtant habitué·ees au risque nucléaire, sont entré·es en opposition à ce projet et progressivement mené·es à s’opposer à toute nouvelle installation. Témoignage de Jean-Luc Fossard, Stop EPR ni à Penly ni ailleurs

Samedi 12 avril : 2 tables rondes réunissant 80 et 90 personnes et un film-débat ont ponctués cette journée.

Table ronde « Ce que serait le territoire si la centrale nucléaire d’Erdeven avait été construite », avec Ronan Le Delezir et Yves Lebahy, géographes, et des habitant·es du Cotentin et de Haute-Normandie. Cette table ronde a permis de décrire la réalité des sites nucléaires, la gabegie des collectivités locales qui ne savent plus comment dépenser la manne nucléaire, l’hégémonie économique du complexe militaro-industriel nucléaire qui a fait disparaître les activités agro-alimentaires et autres activités industrielles. Yves Lebahy a aussi souligné que si le littoral d’Erdeven avait échappé à la catastrophe nucléaire grâce à l’action de ses habitant·es, il n’avait pas su résister à la catastrophe touristique.

Table ronde « Non au nucléaire, Oui aux alternatives : état des lieux de la production d’électricité en France et dans le monde. Risque nucléaire et alternatives, décroissance énergétique, énergies renouvelables... » avec Michel Pédron (Négawatt), Michel Leclercq (Energie Partagée), Damien Renault (Réseau Sortir du nucléaire), Marc Lipinski (Lucioles Energies), Alain Rivat (Stop nucléaire 56 Trawalc’h). Cette table ronde a permis d’illustrer les liens étroits entre le lobby nucléaire et les gouvernements successifs. Face au réchauffement climatique, le lobby avait imaginé que l’électrification des usages permettrait de relancer une filière nucléaire en désuétude. Assez curieusement, elle a plutôt bénéficié aux renouvelables et à développer par exemple la charge des véhicules électriques à domicile en la couplant avec des installations photovoltaïques, d’où la charge contre les ENR : diminution drastique du tarif de rachat du photovoltaïque (de 0.1269 €/kwh à 0.004), diminution des aides à l’achat de véhicules électriques, réduction du soutien à l’éolien… Dans le même temps, des citoyen·nes s’organisent pour créer des scoops de production comme Lucioles Energies à Etel, ou dans le cadre d’Energie Partagée. Les débats ont permis de rappeler que le premier enjeu est bien la décroissance énergétique, en limitant la consommation aux besoins réels, en luttant contre l’obsolescence programmée, en allant moins vite, moins loin…

Information et échange avec les militant·es du Collectif Piscine nucléaire Stop de La Hague au Foyer du Marin. Durant 1h 30, les militant·es nous ont informé du cycle et de la problématique des déchets nucléaires, du stockage des cœurs de réacteurs usés dans des piscines le temps de leur refroidissement, le projet pharaonesque d’ « Aval du futur » décrit comme le plus grand chantier industriel du monde et consistant à réaliser une nouvelle usine de retraitement des combustibles usés pour en extraire le plutonium, une usine de fabrication de Mox pour remplacer celle de Marcoule et bien sûr l’extension des piscines pour accueillir 160 cœurs usés. La résistance a commencé par des campagnes d’informations auprès des habitant·es de La Hague, puis une mobilisation y compris de travailleurs du nucléaire qui s’est renforcée. Ils ont lancé un appel à participer au camp HARO qui aura lieu les 18-19-20 juillet à Vauville La Hague, 3 jours de rencontres actives et festives, de discussions, d’actions sur la question des déchets nucléaires et des territoires.
La journée s’est terminée avec la fiction de Nicolas Guilloux « Nous serons toujours là » qui illustre l’enquête publique de Plogoff et par un échange d’un public nombreux (150 personnes) avec les militant·es de Plogoff mémoire d’une lutte.

Dimanche 13 avril : A 11h, ce sont près de 200 personnes qui se sont retrouvées à la Main Verte, à Kerouriec, pour inaugurer les travaux de rénovation réalisés par Patrig Ar Goarnig. Moment émotion avec la chanson « La Blanche Hermine » version « Joint Français » chantée par Gilles Servat, puis la chanson créée par Les Trouzerions à l’occasion du rassemblement de 1975, chantée par Patrig Lohro et reprise par beaucoup de participant·es.

Claire Masson, maire écologiste d’Auray, a conclu cet évènement en lui donnant sa dimension politique, l’urgence de sortir de « la logique irresponsable » du nucléaire et de cette « technologie non maîtrisée », de réduire nos consommations d’énergie, d’investir dans les alternatives, et l’importance de se mobiliser pour tous les combats écologistes au moment où « toutes les normes environnementales sont en train de sauter une à une ».


Erdeven 2025 - Intervention de Claire Masson, maire écologiste d'Auray


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