[TRIBUNE] Marée verte à Douarnenez. Les Ecologistes interpellent la mairie, le Département et la députée.

  • Les Ecologistes Douarnenez Cap Sizun interpellent la mairie, le Département et la députée de la circonscription 7 du Finistère Liliana Tanguy au sujet des algues vertes.
  • La marée verte bien visible depuis le port du Rosmeur est le symbole de l’inaction locale et gouvernementale
  • La cause  principale : le modèle agricole intensif porté par nos élus et dans lequel nos agriculteurs se retrouvent coincés.
  • Nous connaissons les dangers, mais surtout nous avons les solutions.

TRIBUNE

Réaction des Écologistes de Douarnenez – Cap Sizun à la prolifération des algues vertes en baie de Douarnenez

La marée verte bien visible depuis le port du Rosmeur est le symbole de l’inaction locale et gouvernementale pour limiter le phénomène de prolifération des algues vertes, toxiques pour la santé humaine et animale. Nous connaissons les dangers, et nous connaissons les solutions. Des solutions de transition vers des pratiques agroécologiques qui sont de plus en plus acceptées par les agriculteurs, sous réserve, bien sûr, de leur assurer un revenu décent et de soutenir leurs efforts par des indemnités.

" Au lieu d’aller dans le sens de la réduction, des extensions d’élevages ont systématiquement été accordées, de même que de nombreuses dérogations à l’épandage dans la zone de 500 mètres du rivage."

C’est une véritable marée verte, mais pas du tout celle que nous, Les Ecologistes, aurions aimé voir : les plages de la baie, en particulier celles du Ris et de Kervel, sont recouvertes d’algues depuis le début de semaine. Et le tracteur dépêché par la mairie n’y fait rien : chaque jour, une couche supplémentaire s’ajoute, réduisant à néant les efforts déployés pour les nettoyer.
Ce n’est pas comme si nous ne savions pas. Chaque année, c’est la même ritournelle, bien que cette fois, l’ampleur des dégâts soit considérable. Comme le soulignent nos collègues du collectif Douarnenez Terre Citoyenne, la mairie a pourtant un devoir de prévenir et faire cesser les « pollutions de toute nature » (Article L2212-2 du CGCT).
Or il s’agit bien ici d’une pollution qui met gravement en péril notre santé humaine. Les nitrates sont la nourriture des algues vertes. Ils sont contenus dans le lisier de porc. Et nous avons dans l’arrière-pays beaucoup de porcs : 28 cochons par hectare, soit 260 000 en permanence. Sans oublier vaches et poulets. Qu’a fait la mairie, la communauté de communes ou le Département pour remédier à cette grave pollution ? Nous l’avons dénoncé dans un précédent communiqué : au lieu d’aller dans le sens de la réduction, des extensions d’élevages ont systématiquement été accordées, de même que de nombreuses dérogations à l’épandage dans la zone de 500 mètres du rivage.

Triste ironie du calendrier, cette marée verte arrive au moment même où la loi Duplomb a été adoptée à l’Assemblée nationale. Votée notamment par la députée de la circonscription 7 du Finistère, Liliana Tanguy, cette loi acte un recul considérable en matière de contrôles environnemental et sanitaire de l’agriculture

Sur les élevages, l’article 3 vise ainsi à faciliter l’agrandissement ou la création d’élevage intensif, et relève le seuil au-delà duquel un élevage devra être enregistré ou obtenir une autorisation. Il passe de 2000 à 3000 cochons pour une porcherie et de 40 000 à 85 000 pour un poulailler. Ce qui aggravera certainement le phénomène de prolifération des algues vertes.

Mais les algues vertes ne sont que la partie émergée de l’iceberg qui pollue notre baie, nos eaux, nos sols. Et nous en connaissons la cause : le modèle agricole intensif porté par nos élus et dans lequel nos agriculteurs se retrouvent coincés.

Il est temps d'agir

  • Les pesticides sont un problème de santé publique qui commence à être connu, il existe de plus en plus d’études montrant les bienfaits d’une alimentation biologique et les risques de cancer liés à une alimentation de produits issus de l’agriculture dite conventionnelle. Il existe encore des angles morts, comme les effets cocktails ou les adjuvants. Outre les risques de maladies graves, ces pesticides se retrouvent dans l’eau, rendant les traitements au charbon actif (le seul efficace) très coûteux. Résultat : nous avons tous vu nos factures d’eau augmenter et cela continuera.
  • Les bactéries fécales présentes dans l’eau sont d’origine agricole à 90 pour cent. Beaucoup d’efforts ont été faits sur les dix pour cent restants. Les conséquences : 10 fermetures par été de la plage du Ris, zone de baignade déplacée, et toujours le coût de traitement de l’eau, ici pour supprimer des bactéries types E. Colis qui peuvent être très dangereuses, voire mortelles (cas d’un décès récent).

Le tableau est là et ne semble pas beaucoup émouvoir nos élu-es, qu’ils soient de la municipalité, du Département, ou qu’ils siègent à l’Assemblée nationale.

Notre maire, qui est aussi présidente de la communauté de communes et vice-présidente du Département, avait annoncé qu’elle allait « mettre le paquet sur le Ris ». Or, elle ne veut pas rendre publiques les analyses bactériologiques quotidiennes des plages malgré l’enjeu majeur de santé publique.

Nous connaissons les problèmes, mais nous connaissons aussi les solutions

De nombreux agriculteurs « sont prêts à s’engager dans des mesures agro-environnementales et climatiques (Maec) et à revoir leurs pratiques culturales », peut-on lire dans Ouest-France. Mais comme pour toute la politique de transition, les moyens mis sur la table par l’État sont insuffisants alors que l’urgence est là. Voire ils s’amenuisent lorsque les députés de droite et d’extrême-droite, et certains « centristes » votent une loi qui va à contrecourant de ce qu’il faudrait faire, limitant encore les moyens des administrations en charge de la protection de l’environnement.

La transition ne peut pas se faire sans les agriculteurs·trices, et elle ne peut pas se faire sans que des prix et un revenu décent leur soient garantis. Pour les aider, il existe plusieurs leviers, comme les Paiements pour services environnementaux, encore faut-il qu’ils soient versés en temps et en heure à l’agriculteur·trice qui fournit un effort pour replanter et entretenir une haie, et diminuer engrais et pesticides.

Nous nous joignons donc à Douarnenez Terre Citoyenne pour interpeller Madame Jocelyne Poitevin, Madame Liliana Tanguy et Monsieur Maël de Calan, président du Département, en responsabilité environnementale et sanitaire, qui a jusqu’à présent gardé le silence sur le sujet, ou préfère surfer, comme son délégué à l'eau monsieur le Maire de Pouldergat, sur la vague du déni, refusant de voir et d'agir sur les origines parfaitement identifiées de ces pollutions agricoles et urbaines, pour les communes n'offrant pas d'assainissement.

La triple peine pour les habitant·es

Les habitants de Douarnenez et des communes soumises à ces pollutions subissent une triple peine :

  • La perte de la jouissance sereine de leurs plages
  • La dégradation de l'image de leur territoire, y compris au niveau national
  • Les coûts de dépollution faramineux qu'ils assument seuls pour leur eau potable et leurs plages.

Enfin pour rappel : En 2024, plus de 728 tonnes d’algues vertes ont été ramassées (715 en 2020); 3000 tonnes dans toute la baie… Quid de l'été 2025 ?

Les Écologistes – groupe local Douarnenez - Cap Sizun

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