Loi immigration. Il n’y a plus de barrage républicain

  • Les pays les plus riches (35 pays de l’OCDE) représentent 18% de la population mondiale et n’accueillent que 3% des 280 millions de migrants dans le monde (en d’autres termes 97% des migrants sont accueillis par des pays qui ont peu de moyens).
  • La France a un solde migratoire annuel de 160 000 personnes… 
  • La régulation de l’immigration n’est que tactique politicienne rance et totalement irréaliste
  • C’est l’ouverture, l’échange et le partage qui permettent la compréhension et la cohabitation sereine.

On a voulu faire croire aux Françaises et aux Français qu’il existait un barrage républicain contre l’extrême droite qui met en péril la cohésion de notre société. Avec le vote de la loi Darmanin, nous vérifions aujourd’hui que la majorité présidentielle comme la droite courent derrière le Rassemblement national au mépris des valeurs humanistes de notre pays et du pragmatisme le plus élémentaire. 

Brasser de l’air et entretenir les illusions de l’extrême droite ne conduira qu’à l’exacerbation de tensions sociales.

Notre députée Annaïg Le Meur n’a pas eu le courage politique de voter contre cette loi scandaleuse et cela ne l’honore pas. Quelle considération a-t-elle de sa fonction pour soutenir un pareil texte, lourd de conséquences ?  Les migrants ont quitté leur pays pour raisons de conflits, guerres ou misère, parfois en lien avec les conséquences du changement climatique. Après avoir fondé sa prospérité sur l’esclavagisme et le colonialisme, et avoir été l’un des principaux artisans du modèle économique responsable des émissions massives de gaz à effet de serre, la France, 7ème puissance mondiale, refuse l’accueil et l’aide à des personnes qui ne laissent pas leur pays et leurs repères de gaieté de cœur.

 Ces personnes connaissent des parcours migratoires souvent traumatiques puis subissent, des années durant, insécurité, rejet et exploitation. Elles risquent leur vie et continueront à la risquer pour nous rejoindre, quoi que nous mettions en place. Brasser de l’air et entretenir les illusions de l’extrême droite ne conduira qu’à l’exacerbation de tensions sociales. A défaut de parvenir un jour à une abolition des frontières qui nécessiterait une révolution culturelle, économique, sociale, qui semble encore lointaine, il faut être conscient des réalités présentes. Pour d’évidentes raisons humanistes, il est nécessaire d’accueillir ceux qui arrivent chez nous. Pour des raisons pragmatiques et utilitaristes également ; les migrants représentent une richesse pour notre vitalité sociale et culturelle comme pour notre économie. On ne peut cependant pas dire qu’il n’y a pas de question migratoire. 

Le réchauffement climatique va rendre certaines zones invivables et donc conduire à l’augmentation du nombre de migrants dans le monde. Dans ce domaine comme dans tous les autres, les politiques ont un rôle de régulation. Mais nous ne pouvons décider de mesures de régulation tant que nous ne mettons pas en œuvre des politiques justes et qui s’attaquent aux causes des migrations ; répartition des richesses par la régulation de la voracité de nos sociétés à l’étranger et du capitalisme en général, lutte efficace contre le changement climatique, encouragement des sociétés civiles, aide massive au développement et à la souveraineté alimentaire, lutte contre la corruption, etc… 

En attendant, la régulation de l’immigration n’est que tactique politicienne rance et totalement irréaliste. Certains dénoncent par ailleurs des problèmes d’intégration et d’incompatibilités culturelles. Nous ne devrions pas détourner le regard ni mépriser celles et ceux qui ne vivent pas dans les beaux quartiers urbains. Ils pensent parfois que le repli sur une société passéiste et égoïste serait la solution quand c’est l’ouverture, l’échange et le partage qui permettent la compréhension et la cohabitation sereine. Le respect de la France et de ses valeurs ne se décrète ni ne s’exige. Il se mérite et irait de soi si notre pays considérait les êtres humains à égalité. Des décennies d’inaction, de mépris et de politiques néolibérales ont peu à peu alimenté le terreau de la désunion et de la défiance. La majorité présidentielle et ses pairs foncent tête baissée. Ils accroissent la mise sous tension de notre pays et réservent encore plus de souffrances pour des milliers de femmes et d’hommes. Le président de la République déclarait il y a un an et demi : « A celles et ceux qui ont voté pour moi, non pour soutenir mes idées mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite, votre vote m’oblige ». Encore une fois, il a trahi le peuple, avec l’aide des députés de la majorité. 

Grégory LEBERT candidat Europe Ecologie Les Verts - NUPES aux élections législatives 2022